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Champion Métadier (par Régine)

metadier01.jpgCe serait se priver d'un grand plaisir en omettant de passer rue Quincampoix, à la galerie Catherine Putman, qui expose, jusqu'au 8 novembre, les oeuvres de Champion Métadier.

La liberté des formes suspendues au centre de la feuille blanche, leurs couleurs éclatantes sont jubilatoires. Leur biomorphisme nous ramène aux origines de l'espèce, leur aspect ludique et coloré à l'enfance. Elles invitent à la rêverie, aux rapprochements savants, aux associations libres. Un grand plaisir pour les sens et l'intellect.

Un résultat qui provient en grande partie de la façon de procéder de l'artiste : elle a su mettre au point un medium et une technique adaptées à son propos ; bel exemple de la rencontre heureuse de la matière et de l'esprit.

Cette série s'appelle "Shellacs", nom emprunté à une résine naturelle dérivée d'excrétions d'insectes vivant dans les arbres. A ce matériau Champion Métadier ajoute des pigments purs. Elle dépose le mélange sur le papier posé à plat, puis le manipule juqu'à faire apparaître une forme qui lui convienne et qui commandera les suivantes. Ainsi un hasard extrêmement maîtrisé préside-t-il à leurs superpositions, emboîtements, juxtapositions ; leurs couleurs ont un éclat, un rayonnement que l'on pourrait qualifier de cathodique tant le fond du papier les rend luminescentes.

Métadier 2.JPGLes 10 oeuvres exposées au dessus du bureau, face à l'entrée, est une ode à la couleur et à l'imaginaire. Beauté de l'alliance du jaune et du bleu, du vert et du violet, du rouge et de l'orange, du bleu et du noir ; gaîté et inventivité des formes, leur puissance érotique... On se plait à envisager ici une fleur ou un coquillage, là un jouet ou une silhouette féminine toute auréolée d'orange, là encore une amibe ou un être pieds par dessus tête...Les couleurs réagissent entre elles comme si elles étaient vivantes. Tantôt brillantes, tantôt mates, leurs rencontres créent des irisations, des superpositions, des effets d'épaisseur, de grains et de transparence.shellac.jpg

Autant de figures qui semblent contenir des possibilités infinies de transformation "tels des organismes volatils qui se seraient formés un moment par arrêt sur image avant de disparaître" (Anne Hindry, Art press, oct. 2008, pp.50-52). Elles donnent  le sentiment que naissance et disparition sont intimement liés.

L'univers de Champion Métadier, qui vit entre Paris et New York est très ancré dans le temps présent. La vitalité, la créativité, l'évolution incessante dont ces villes sont l'objet l'inspirent inévitablement. Elle dit puiser dans le répertoire des images médiatiques qui sollicitent sans cesse notre regard. Elle fait par exemple allusion aux "flyers", sorte de cartes postales publicitaires aux couleurs agressives que l'on distribue partout et qui finissent par voltiger sur le sol new-yorkais, aux nouvelles technologies, aux images virtuelles, à la création en 3 D, au monde des écrans.

Ce travail s'inscrit aussi dans l'histoire de la peinture. Sa façon de laisser la part belle au hasard fait bien sûr penser aux surréalistes, au biomorphisme de Tanguy, de Arp ou de Miro, cette construction par la couleur à Matisse, ces gros plans et ces contrastes colorés de motifs qui pourraient être végétaux ou vulvaires à la Georgia O'Keefe et le fait de puiser dans l'air du temps et d'en utiliser le chromatisme au pop'art.

Elle-même se dit en accord avec Fernand Léger par son répertoire de formes simplifiées, son implication dans son époque, sa fascination pour la modernité.

Vous vous direz que Champion pour un prénom  ce n'est pas courant et qu'il vaut mieux pouvoir l'assumer. Et bien Champion Métadier est une femme, son prénom est Isabelle. On aimerait bien savoir si ne pas l'indiquer est un parti pris de féminisme ou une simplification.

Galerie Catherine Putman, 40 rue Quncampoix, 75004-Paris, 1er étage. Ouvert de 14 h à 19 h du mardi au samedi. Tél 01 45 55 23 06. Jusqu'au 8 novembre.

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