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James TURRELL (par Régine)

James TURRELL

N'hésitez pas à double cliquer sur les images pour les agrandir.

Impossible d'oublier les sensations d'immersion dans la couleur, de perte de repères et de flottement dans l'infini, ressenties il y a plusieurs années à la Biennale de Venise en pénétrant dans l'installation de James Turrell à l'Arsenal. (Je savais que ). Il expose depuis début octobre dans le grand espace de la galerie Gagosian près de l'aéroport du Bourget. Je m'étais bien promise de m'y rendre mais la difficulté d'accès de ce lieu lointain me retenait. Entrainée par Sylvie, nous décidâmes, en cette fin du mois de février, de nous y rendre coûte que coûte et nous ne l'avons pas regretté. Cette exposition unique vaut les difficulté du déplacement (RER B à la gare du Nord, puis bus et marche). Le lieu est immense et les œuvres récentes de Turrell peuvent y déployer toute leur splendeur. Voyons en quelques unes.

 

 Pour accéder à l'installation All clear de la série Gansfeld de 2024 on estprié de se déchausser etzJki-5PFfg9M_300x300.jpg d'enfiler les chaussons mis à disposition. Après avoir gravi quelques marches (1) nous nous trouvons brutalement projetées dans un espace sans limites tangibles.  Désorientées, immergées dans une lumière colorée, tous nos repères spatiaux-temporels dissous, nous nous sentons perdues dans l'univers. Heureusement un petit banc posé là nousIMG_3974.JPG permet de nous asseoir et, tandis que la couleur dans laquelle nous baignons change insensiblement, passant du bleu au IMG_3975.JPGrose au vert ou au jaune, nous contemplons les variations infinies de teintes d'une forme tantôt ovale, tantôt ronde qui flotte devant nous (2 et 2 bis) : planète ou astre insaisissable ? Dans cet espace interstellaire, sans horizons, où, nous dit-on, un écran LED et des lumière colorées font tout le travail, on flotte dans l'infini. Bien difficile de s'arracher à cet émerveillement proche de la fascination.

Dans la pièce d'à côté se trouve l'installation Either or de la même série que la précédente. Ici, grâce à la projections de lumières colorées sur des surfaces réfléchissantes, est généré une impression de profondeur qui va bien au delà des murs, modifiant l'architecture intérieure de la pièce qui semble s'étendre au-delà de ses limites physiques. L'image colorée (3) projetée sur l'une des parois accentue cet effet. Le volume, l'espace, le vide qui nous entoure sont puissamment ressentis mais c'est un monde sans contour, comme dans un rêve, à cela près qu'ici nos yeux sont grands ouverts. Je retrouve bien là les émotions éprouvées à Venise.

IMG_3983_edited.jpgAvec l'installation Tasethro Yellow (2024) l'artiste projette une lumière blanche sur l'angle d'une pièce plongée dans le noir et arrive ainsi à générer la forme lumineuse d'une pyramide. L'éclairage éblouissant donne l'illusion d'une sculpture phosphorescente qui jaillit du mur (4).

A l'étage la série Aten Reign (2014) décline une suite d'œuvres de format plus restreint et IMG_3977.JPGaccrochées au mur comme des tableaux. Leur médium étant la lumière, leur étrangeté tient à leur immatérialité. Sur leurs fonds phosphorescents rouge, rose, bleu ou vert apparaît puis disparait auIMG_3978.JPG gré de la marche du regardeur un hologramme qui varie suivant la forme de l'œuvre (triangle, rectangle, losange...) (5). On passerait des heures à se promener devant elles pour voir surgir, comme des fantômes ces formes à la fois réelles et immatérielles.

Turrell ne cherche pas comme les peintres à reproduire la couleur mais il en manie à merveille la matière elle-même et nous la fait sentir en nous y immergeant.

Cette exposition présente aussi le grand et ambitieux projet de James Turrell et en retrace UxZSPshiSjMc_300x300.jpgl'histoire. Dans les années 1970, en survolant l'Arizona, il découvre le Roden crater, volcan éteint depuis 300.000 ans et territoire des indiens Hopi (5). En 1977 il en fait l'acquisition et débute alors la construction grandiose d'un véritable observatoire de la lumière céleste. Son but, en effet, est d'y construire des espaces d'observation : tunnels lumineux, galeries ouvertes vers le ciel, permettant une approche chaque fois différente de la lumière selon le heures du jour ou de la nuit... Ce sont une vingtaine d'espaces souterrains qui constituent la structure de ce domaine exceptionnel.

images.jpgDe nombreux relevés, des plans, des photographies, un visionneur de photos en trois dimensions sont ici exposés. On notera les magnifiques maquettes de différents "espaces lumineux" du cratère pour lesquelles il a utilisé du bronze pour le parcours intérieur et du plâtre blanc pour l'extérieur (6).

Cet intérêt pour l'observation du ciel et de l'espace n'est évidemment pas anodin quand on le rapproche de ses installations. Dans celles-ci la perte des repères et la dérive dans l'infini est, entre autres, la transposition de la place de l'homme dans l'univers dont la science nous a appris qu'il est immense, en expansion et très ancien.

Représentant du mouvement Light and space qui a vu le jour en Californie dans les années 1960, James Turrell, né en 1940, compte aujourd'hui parmi les légendes de l'art contemporain, non seulement grâce à son grandiose projet de Crater Roden, mais surtout par la création d'une œuvre novatrice fondée sur l'immatériel et la couleur. Elle est certainement la traduction d'une quête métaphysique inlassablement poursuivie par ce fils d'une famille de quaker.

James Turrell "At one", Galerie Gagosian, 26, avenue de l'Europe, 93350-Le Bourget (01 48 16 16 47) ouvert du mardi au samedi de 11 h à 17 h. exposition en place jusqu'à l'été 2025.

 

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