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décrypt'art

  • Magdalena Abakanowicz (par Régine)

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    Il y a quelques années, de passage à Chicago, je me promenais parmi es sculptures contemporaines qui parsèment "Grant Parc"", immense espace bordant le lac Michigan, quand je découvrir Agora, stupéfiante installation de Magadena Abakanowicz. Ce fut un choc ! Sans bras ni tête, une foule de personnages moulés dans le bronze, réduits à des troncs creux avançaient aveuglement en rang serré dans une allée du parc. Le sentiment contradictoire d'une désolation et d'une force obscure que rien ne pourrait arrêter m'envahit aussitôt.

    En visitant dernièrement la belle rétrospective que lui consacre actuellement le Musée Bourdelle je constatais que les œuvres de cette artiste polonaise, née en 1930 et morte en 2017, bien que prenant des formes différentes (pièces textiles, sculptures, installations, dessins...), étaient toute habitées d'une grande puissance organique, spirituelle et même politique.

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  • Francois Rouan à Fontevraud (par Sylvie)

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    Ceux qui nous suivent sur decrypt'art ont peut-être lu mon papier sur le renouveau du vitrail. C'était en avril à l'occasion des grands travaux à Notre-Dame. Retour sur le sujet. Encore ? direz-vous. Oui, parce qu'ils concernent l'abbaye de Fontevraud dans le  Val de Loire où ils viennent d'être installés,  et sont l'œuvre surprenante de François Rouan, un peintre né en 1943 à Montpellier, dont la technique très personnelle évoque un tissage multicolore de lignes, de formes, de signes, plus ou moins nets ou tressés, qui font de chaque œuvre un monde d'une subtile richesse, un travail pictural extrêmement élaboré.

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  • Proust à la Cité Universitaire

    Alvar Haro est un peintre espagnol qui s'est pris de passion pour Marcel Proust. Le collège d'Espagne, à la cité Universitaire de Paris, expose pour 3 semaines encore les tableaux inspirés par les thèmes et les lieux de vie de Proust.

    N'y cherchez pas des oeuvres d'art abstrait . Ce qui est donné à voir sur ces gouaches sur papier de petit format, c'est tout l'univers proustien, ce qui demeure encore aujourd'hui, la mer et la plage de Normandie, la maison de Tante Léonie à Combray telle qu'elle fut dans le souvenir et telle qu'elle est devenue de par le temps, ce qu'il y fut vécu ; autant de lieux, de personnes et de douleurs éprouvées.

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  • Balade avenue Matignon

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    Après avoir souvent parcouru les galeries du Marais, l’envie nous est venue, d’aller explorer celles de l’avenue Matignon. Ce quartier, passage obligé pour les amateurs d’art dans les années 50/60, donne aujourd’hui des signes d’un nouveau souffle, probablement lié à la présence de riches étrangers . Ces galeries, consacrées essentiellement au second marché, s’adressent à des collectionneurs recherchant des œuvres d’un artiste précis et plus classique. Mais quelques nouvelles, installées plus récemment, laissent entrevoir des signes d’un nouveau développement. L’idée d’installer’ un second lieu  prestigieux d’exposition  a séduit quelques grands de la rive gauche venus rejoindre les  anciens.

     

     

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  • Geneviève Asse : carnets (par Régine)

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    Il y a beaucoup de belles et grandes expositions en ce moment à Paris, mais il y en aussi une petite, tout à fait merveilleuse. Intitulée : Geneviève Asse : carnets, elle occupe une seule salle, celle des donateurs, à la BnF François Mitterand. Elle est organisée à l'occasion de la donation, faite par sa compagne Silvia Baron Supervielle, des 25 carnets de l'artiste dont la plupart ont été réalisés entre 1980 et la fin des années 2000. A la jonction de la peinture, du dessin, de la gravure, ils sont ici présentés en résonnance avec une sélection d'estampes et de livres réalisés avec des poètes issus des collections de la BnF.

     

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  • Vitraux , mon beau souci ( par Sylvie)

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    La reconstruction de Notre Dame a fait l'unanimité. La dynamique des entreprises, les images du colossal travail acrobatique du chantier ont suscité un enthousiasme rare pour un bâtiment publique. Mais il s'agit là d'un sanctuaire, de la grande histoire de Paris et de la chrétienté. Il devrait être terminé fin 2026. Et voilà qu'un violent débat a opposé les partisans de vitraux  actuels dans les chapelles sud, aux défenseurs de ceux  mis en place au XIXème siècle par  Violet le Duc : "On ne touche pas au patrimoine" !  Des vitraux ont pourtant été créés au fil des siècles, pourquoi pas aujourd'hui, d'autant plus que depuis la fin des années 80  les commandes publiques sont un précieux soutien financier.

    IMG_20250305_101242_edited.jpgA l'heure où nous écrivons, en principe, ceux de la jeune artiste de 43ans, Claire Tabouret, en collaboration avec l'atelier de maitres verriers Simon-Marq sur le thème de la Pentecôte, ont été choisis, réalisation contemporaine de silhouettes fragiles, presque classiques (photo 1,maquette). Ils figurerons dans le patrimoine de demain. 

    Voici quelques exemples de bonne facture , parmi beaucoup d'autres , pour tous ceux que ça n'effleurait pas de confondre  temps de réalisation et style.

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  • James TURRELL (par Régine)

    James TURRELL

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    Impossible d'oublier les sensations d'immersion dans la couleur, de perte de repères et de flottement dans l'infini, ressenties il y a plusieurs années à la Biennale de Venise en pénétrant dans l'installation de James Turrell à l'Arsenal. Il expose depuis début octobre dans le grand espace de la galerie Gagosian près de l'aéroport du Bourget. Je m'étais bien promise de m'y rendre mais la difficulté d'accès de ce lieu lointain me retenait. Entrainée par Sylvie, nous avons opté, en cette fin du mois de février, de nous y rendre coûte que coûte . Nous ne l'avons pas regretté. Cette exposition unique vaut les difficulté du déplacement (RER B à la gare du Nord, puis bus et marche). Le lieu est immense et les œuvres récentes de Turrell peuvent y déployer toute leur splendeur. Voyons en quelques unes.

     

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  • Béatrice Casadesus par Sylvie et Régine

    Nous suivons depuis longtemps l’œuvre de Béatrice Casadesus. Nous en avons d’ailleurs déjà parlé sur ce blog à plusieurs reprises. L’exposition qui lui est actuellement consacrée à la galerie Dutko, à Paris, nous a de nouveau enthousiasmées. Elle est magnifique !

    Nous n’avons pas résisté au charme de la photo annonciatrice que voilà (photo 1)

    20241012_144957 (1).jpg

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  • Bernard REQUICHOT (par Régine)

    Au gré de mes pérégrinations dans les galeries parisiennes et de mes visites de musées, j'avais vu des œuvres de Bernard Réquichot. Je les trouvais intenses et même inquiétantes sans éprouver le besoin d'en savoir plus. Mais voir une rétrospective de son travail est une toute autre expérience. Appréhendé dans son ensemble son cheminement acquiert une grande cohérence et une incontestable puissance. Une force nous empoigne et nous bouleverse. Il serait donc dommage de rater l'exposition qui se tient actuellement  au Centre Pompidou et qui est remarquablement bien faite.

    Né en 1929, Bernard Réquichot quitte sa Sarthe natale à 17 ans pour monter à Paris où il se forme à l'école des Beaux-Arts. Il se suicide en 1961, la veille d'une exposition que lui consacrait Daniel Cordier. Il avait alors 32 ans. Son œuvre inquiète s'étale donc seulement sur une dizaine d'années. Au cours de sa courte vie, il fut d'abord peintre puis diversifia sa pratique en l'élargissant au dessin, au collage. Il fabriquât aussi de bien étranges reliquaires. 

    Requichot 1.jpgLes premières peintures exposés sont figuratives, de style plutôt cubiste, tels Sans titre ou Le bœuf assis (à la Juan Gris) (photo 1) toutes deux de 1953. Dans les œuvres de cette période l'artiste avait l'habitude de mélanger à son médium de la sciure de plastique récupérée dans une usine et du sable. Cet ajout procure à son travail une sensation tactile proche de celle éprouvée devant une tapisserie. Mais il abandonne rapidement ce style figuratif au profit d'une abstraction gestuelle et matiériste qui lui permet d'exprimer le mal être qui l'habite. Requichot 2.jpgTravaillées au couteau ses œuvres sont alors des jaillissements de tiges de végétaux striés de traces saccadées rouges et noires (photo 4). Ce sont d'inextricables enchevêtrements de cordes, de fils telle cette huile sur toile Sans titre (1956) (photo 2) qui n'est pas sans évoquer un crane en ébullition.Requichot 3.jpg

    Requichot 4.jpgParallèlement Requichot peint des formes biologiques, telluriques ou cosmiques qui se détachent sur des fonds uniformes. Ainsi avec Sans titre de 1956 on assiste à la formation d'un objet qui jaillit d'un magma en ébullition (photo 3).IMG_2994.JPG En 1957 ses tableaux atteignent un paroxisme visuel. A titre d'exemple regardons L'Episode de la guerre des nerfs (1957) (photo 4) où, de formes enchevêtrées de façon très serrée, s'échappent des tiges spiralées, sorte de ressorts, que l'artiste dessine de façon obsessionnelle et où des morceaux déchiquetés de peintures antérieures parsèment la surface. Avec Sans titre (photo 5), exécutée la même année, il nous fait assister  à une déflagration de matières diverses. A des entrecroisements de coups de brosse à l'acrylique se mêlent des illustrations de magazine et des objets puisés dans la nature tels ces plus de paon ou de faisan.

    La belle série des Traces graphiques de 1958 qui entretient, comme son nom l'indique, une relationIRequichot 6.jpg ambigüe avec l'univers du dessins, est d'un tout autre registre. Arachnéa (photo 6) peint en janvier 1958, en est un bel exemple. Une gerbe de lignes constituées de petits ponts noirs, si fins qu'on pense à une toile d'araignée, explose et envahit avec légèreté le fond blanc de la toile.

    Requichot 5bis.jpgParallèlement à son travail picturale Bernard Requichot exécute aussi plusieurs séries de dessins à l'encre où prolifèrent des spirales. Souvent rehaussées de gouache blanche, ils se déploient sur de grandes feuilles de papier blanc et sont à la fois inquiétants, gracieux et tourmentés. Ces dessins très fins évoquent des organismes troublants assez proches de ceux exécutés par son ami Fred Deux (Photo 7). Ces spirales seront prolongées en 3 dimensions avec la sculpture Nekong tanten tank mana (1959-1960) composée de circonvolutions d'anneaux de polystyrène collés les uns aux autres, enfermes dans une vitrine. Créature zoomorphe qui, de son œil de prédateur, guette sa proie.

    A la fin de sa courte vie, Requichot renouvelle en profondeur son art exécutant de grands collages qu'il baptise Papiers choisis. Pour ce faire il prélève dans des revues à grand tirage, dont il se procure plusieurs exemples, des images banales qu'il découpe compulsivement (torchons de cuisine, animaux, gâteaux industriels....) et qu'il rassemble de façon à créer d'inquiétantes formes figuratives. Requichot 8.jpgQuelques exemples de cette façon de procéder sont donnés dans l'exposition, dont La cocarde, le déchet des continents de 1961 (photo 8). Ce collage est constitué de deux motifs antithétiques : une pâtisserie industrielle et un museau de chien collé à l'envers. Répété et associés à d'autres images, ces motifs, rehaussés de peintures, dessinent une sorte de végétation fantastique et inquiétante (photo).

    La fabrication de reliquaires a toujours accompagné son travail. A l'inverse de ceux qu'on trouve dans les églises et qui renferment des fragments de corps sanctifiés, ceux de Réquichot ne contiennent que des débris de la nature ou des rebuts manufacturés qu'l recouvre entièrement et rageusement d'une épaisse couche de peinture et qu'il enferme dans des boîtes en bois recouvertes de tissus. Nappage protecteur ou suc gastrique destructeur qui enduit ou détruit ce qu'il recouvre en le dissimulant. Requichot 9.jpgAinsi Le reliquaire de la forêt (1957-58) (photo 8) contient des ossements d'animaux, morceaux de bois, racines, ficelles.... La maison du manège endormi (1957-58) des ossements d'animaux, chaussures, bois, champignons fragments de toile peintes à l'huile. Le plus monumental est L'armoire de Barbe bleue dont le titre renvoie à celui d'un conte cruel et inquiétant. Il contient des rouleaux de toile enduites de peinture épaisse, serré les uns contre les autres. Figureraient-ils des corps de femmes assassinées ?

    On a souvent rapproché l'œuvre de Bernard Réquichot de celle d'Antonin Artaud. Tous deux en effet expriment leur extrême difficulté d'exister. Mais si le second en traduit la douleur, le premier dévoile avec rage et insistance le dérèglement de son esprit.

    Bernard REQUICHOT. Je n'ai jamais commencé à peindre. Centre Pompidou, Galerie Ouest, 4ème étage. 4 Place Georges Pompidou, 75004-Paris. Jusqu'au 2 septembre. (fermé mardi)