Calder et le second marché ( par Sylvie)
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La FIAC a donné l'occasion de voir, pour notre grand plaisir de parisiens, une oeuvre spectaculaire du peintre américain Alexandre Calder. Elle trônait au centre de la place Vendôme. Ce"Dragon volant" de 1975, sculpture monumentale en métal peint en rouge, de 9,6 x 17,1 x 6,6 m, semblait bien devoir s'envoler, à condition toutefois d'en faire le tour et de se positionner à l'arrière, afin d'en mieux saisir la trajectoire ascendante (photo 1). Physiquement lourde, elle semble néanmoins légère du fait de sa dynamique et de ses points d'appui limités au sol. Son échelle est plus importante que celle de la plupart des oeuvres les plus connues de cet artiste dont la renommée repose trop souvent sur ses seuls "mobiles". Il est vrai que ses projets à grande échelle datent plutôt de la fin de sa vie - il est mort en 1976 - mais lignes élégantes, formes simples et couleurs vibrantes sont propres à son travail. L'actualité, encore, permet de retrouver son style si particulier. Les galeristes Gagosian et Perrotin ont ouvert récemment de nouvelles salles d'exposition dites du "second marché ", c'est à dire concernant la revente d'art, à la différence des oeuvres inédites, apanage du" premier marché" qui se consacre à celles d'artistes vivants ou décédés depuis peu.
Je suis allée "traîner mes bottes" chez ces deux galeristes dont les sièges sont proches l'un de l'autre, non loin des Champs Élysées. Gagosian expose presque une quinzaine d'oeuvres de Calder, l'occasion de voir, ce qui est assez rare, de toutes petites sculptures en métal noir, des maquettes peut-être, mêlant plaques de métal de 10 à 20 cm portant en équilibre de plus petites encore (photo 2 ), ou un grand mobile de plafond, aux pièces blanches, rouges et noires, dont le reflet mural figure un vol groupé d'oiseaux blancs ( photo 3). Au tour d'une sorte de montagne noire, escarpée, l'oeuvre en porte le nom, prennent vie une cascade bondissant, suggérée par l'arceau qui sous-tend les gouttes jaunes, éblouissantes de soleil, en bas le tapis de fleurs rouges, et plus haut à gauche, les ailettes dans le vent ( photo 4). On aurait tort d'oublier que Calder fut aussi peintre. Quelques huiles sur toile de 1945 et 1949 rendent déjà tangibles l'espace aérien et les éléments naturels auxquels il est sensible ( photos 5).
L'exposition "second marché " de la galerie Perrotin n'est pas consacrée au seul Calder, mais la petite toile de sa main est bel et bien représentative de son travail, entre figuratif et abstrait : l'étoile, la lune, le rouge étincelant du soleil et un signe qui dit le mouvement y ont leur place. Le reste de l'exposition offre un large aperçu de la peinture du XXème siecle : un Murakami de 1957, un surprenant Warhol de 1958, un Mathieu de 1960 et un Fontana de la même décennie, deux Morellet de 1975 et 2006 , un Keith Haring de 1982, un Lichtenstein de 1990, et quelques autres grands artistes des années 2000 : Anselm Kiefer George Baselitz, Hugo Rondinone, Lee Ufan... Autant d'oeuvres qui, déjà achetées par le passé puis vendues, sont aujourd'hui bonnes à prendre. et qui, de ce fait, pourraient ne plus figurer dans cette exposition. d'autres prendront leur place...Ce second marché fonctionne très bien. En 2020 les ventes d'art de celui-ci ont atteint 64,1 milliards de dollars sur 2019.
Gagosian, 4 rue de Ponthieu, 75008 , jusqu'au 18 décembre.
Perrotin, 8 avenue Matignon, 75008