Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Carte blanche à Ugo Rondinone au Palais de Tokyo

    1. Stimulée par l'article de Dagen dans le Monde du 12 octobre, je suis allée au Palais de Tokyo voir l'exposition conçue par l'artiste suisse Ugo Rondinoe.
    2. Intitulée "The third mind" - traduisons "le troisième esprit" - elle emprunte son titre à un ouvrage (dont plusieurs pages sont exposées) réalisé par deux romanciers américains de la Beat Generation, William Burroughs et Brion Gysin dans lequel leurs deux écritures, mélangées au hasard, découpées, permutées, débouchent sur un nouveau texte dont l'auteur est invisible et insaisissable, et pour cause.
    3. Sur ce schéma du "cut up", héritage de Tristant Tzara, Rondinone a réuni une trentaine d'artistes qu'il rapproche et confronte.
    4. Convaincue ? Par vraiment, malgré certaines idées fortes issues de ces juxtapositions. Par exemple, l'installation de Sarah Lucas présentant une voiture accidentée se détache sur des photos de parking vide : le ton de la désespérance de l'exposition est donné.
    5. Une gigantesque sculpture abstraite du minimaliste Ronald Bladen, jouant équilibre/déséquilibre (on pense à Richard Serra), poids et envol, occupe l'espace d'une autre salle où est posée une série de têtes habillées de cuir noir de Nancy Grossman. Autant ces masques mystérieux évoquent Sade, le crime, la violence et la sensualité, autant l'oeuvre de Blanden est toute de spiritualité.
    6. Dans les salles suivantes le choix des oeuvres et leur juxtaposition ne m'ont que bien rarement fait ressentir cette 3ème présence si chère à Rondinone.
    7. Deux ou trois salles ont échappées à ma déception. Près des croix de différentes tailles de Valenton Carron figurent deux peintures qui m'ont parues éblouissantes de Jay Defeo. En émane une aspiration, une difficulté à sortir de ce monde fracassé, douloureux, matériel. C'est un éclat de lumière et d'immatériel dans un monde bien noir.
    8. Plus loin, autour de l'atelier du peintre suisse J.F. Schnyer reconstitué, sont alignées au mur de petites toiles représentant les salles d'attente vides de gares suisses. Que de solitude et de mélancolie dans tout cela !
    9. L'exposition se termine par la projection des vidéos qu'Andy Warhol a fait de ses amis, filmés de face, yeux ouverts, galerie de portraits silencieux qui dessinent un univers inaccessible en raisonnance avec les photogrammes fantomatiques de Bruce Conner.
    10.  Comme moi, vous n'apprécierez peut-être pas toutes les oeuvres choisies par Rondinone. Certes, elles ne cherchent pas la beauté mais elles sont toutes déroutantes, et comme dit Dagen "Rien que pour s'affronter à ce bouleversement de nos habitudes visuelles l'exposition vaut le détour".

    "The third mind - Carte blanche à Ugo Rondinone" au Palais de Tokyo - 13, av. du Pt Wilson, 75016-Paris. 01 47 23 38 86. Tous les jours sauf lundi et certains jours fériés. Jusqu'au 3 janvier 2008

  • Les dessins de Tony Cragg

     

    a1d601bbabb52e667652eb7569949fee.jpgdc8a688ab2a9b475375078d7a569379c.jpg

     Tony Cragg, artiste britannique, né en 1949, est connu depuis les années 70 pour ses sculptures faites à partir de rebuts assemblés, alignés ou entassés. Ses dessins le sont moins, dommage. C'est une bonne raison pour aller voir ceux qu'expose la galerie Thaddaeus Ropac à Paris.

    Par exemple, des visages "croqués" sous tous les angles, démultipliés, en une recherche tatonnante de vérité volumétrique et expressive. Ils rappellent les esquisses de Léonard de Vinci.

    Ou encore une série de quatre scènes réunissant des personnages autour d'une table. Il s'agit, semble-t'il d'une conversation qui va crescendo si l'on en juge par l'énergie croissante qui émane de ces scènes.

    La sérénité de la première se traduit par la présence, en avant du dessin proprement dit, d' une trame horizontale ponctuée de petits cercles assez régulièrement espacés: c'est une causerie tranquille. Dans la seconde la trame s'épaissit par endroits comme si l'échange s'animait. Dans la troisième, les flux, plus épais, ondulent en strates ascendantes: le ton monte. Dans la dernière, les lignes s'entrecroisent et vibrent d'un débat agité que l'on croit entendre.

     Avec ces quatre dessins ( crayon sur papier, 36,5x 42,2, 2006), c'est toute une histoire en quelques traits, drôle peut-être, en tous cas merveilleusement vivante, car elle capte à la fois les trois dimensions, l'espace qui nous entoure et ce cinquième élément que sont les ondes d'énergie pourtant invisibles.

    Galerie Thaddaeus Ropac, 7 rue de Belleyme, 75003, Paris. Jusqu'au 13 octobre 2007.