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  • Encore et toujours Tal Coat

    Si les oeuvres de Tal Coat vous saisissent comme nous d'un enchantement irrésistible, courrez à la Galerie de Michèle et Odile Aittouarès, (29 rue de Seine, 75006-Paris) voir une exposition consacré à cet artiste jusqu'au 27 octobre.

    cfc24bfba2fe39bcd52bb6cf308c0cd1.jpgLes quelques oeuvres exposées montrent avec perspicacité la quête que cet artiste a poursuivi toute sa vie pour saisir toujours au plus prêt, et de plus en plus abstraitement, le mystère de la nature. En voici deux exemples :

    La toile dénommée "silex", ici reproduite, date de 1958. Des éclats de pierres noires et brillantes apparaissent tandis que d'autres disparaissent laissant une trace plus claire. Ils sont immergés dans un espace beige, lumineux et légèrement crémeux. Tout est donné à la fois : la terre, la pierre, la lumière. En ne soustrayant pas la pierre à son milieu, Tal Coat montre que cette masse de cailloux est imprégnée par l'espace qui l'entoure. Pour lui l'objet et son environnement n'existent que l'un par rapport à l'autre. Les isoler par une forme définie est pour lui un contre sens et le contour une frontière que, tout au long de son oeuvre, il cherchera à effacer. L'espace est un milieu qui donne aux choses leur existence.

    Un autre exemple de sa démarche est donné par une toile plus récente, entièrement jaune. En son centre trois ronds légèrement en relief affleurent. Plus question ici de figure, de fond, mais de structure, de milieu, d'un espace où les choses peuvent se mouvoir. Si on prend le temps de regarder un peu longuement ce tableau, on le voit évoluer sous nos yeux, une ombre transparaît sous le jaune. Le tableau, bien que monochrome, est comme le monde une activité. Tal Coat peint des énergies en mouvement dans la nature.

    Dans la deuxième salle de la galerie, au delà de la petite cour, sont exposées quelques aquarelles, merveilleuses de fraîcheur. Cette technique exigeant une exécution immédiate, ne souffrant pas de reprise, lui permettait de rendre compte de ce qu'il y a de plus fugace, de plus fragile dans la nature : une lumière changeante, une ombre sur un champ, la venue de l'orage.

    GALERIE BERTHET-AITOUARES - 29 rue de Seine, 75006-Paris. Ouvert du mardi au samedi de 11 h à 13 h et de 14 h 30 à 19 h

     

  • Ernest Pignon-Ernest à Montauban

    Si vous êtes dans le Sud Ouest, n'hésitez pas à faire un saut au Musée Ingres de Montauban. Jusqu'au 15 octobre s'y tient une exposition Ernest Pignon-Ernest passionnante.

    Elle l'est à plusieurs titres : d'abord par la partie rétrospective où l'on revoit avec bonheur les travaux que l'artiste a inscrit dans plusieurs villes (Naples, Paris, Charleville, Soweto...) ou lieux (cabines téléphoniques, escalier de Montmartre, métro Charonne), ensuite et surtout par celle où il engage un dialogue avec Ingres. Dialogue extrêmement stimulant quand on sait la passion du dessin qui anime ces deux artistes et la place qu'occupe Ingres pour les artistes du XXème siècle. Se mesurer à Ingres était une gageure et les dessins de l'un et de l'autre artiste, exposés côte à côte, permettent de saisir ce qui les réunit et les sépare.

    Cette partie, installée au 1er étage du Musée, et intitulée "Citations" montre le travail qu'Ernest Pignon-Ernest a effectué, à l'occasion de cette exposition, à partir de celui que son aîné avait fait d'après une représentation de l'extase de Ste Catherine de Sienne par Sodoma.

    Les dessins d'Ingres soigneusement élaborés, travaillés, presque parfaits sont assez statiques. Une distance s'établit entre eux et le spectateur. Ceux d'Ernest Pignon-Ernest débordent d'affects ; la situation est vécue de l'intérieur. Avec le premier le spectateur est devant un merveilleux dessin, avec le second il est face à des corps.

    Sur un grand mur sont présentés les études préparatoires pour le dessin final de l'évanouissemnt mystique de Ste Catherine de Sienne, dessins à la pierre noire, effectués sur de grandes feuilles blanches, collées à même le mur ou éparpillées sur le sol. Etude d'une main, d'un visage, d'un buste, d'un corps dont les ombres soulignent seulement quelques fragments d'anatomie : la poitrine et les mains par exemple, le reste étant seulement esquissé. Cette façon de faire et d'exposer projette le spectateur dans le processus créatif.

    Le dessin final montre la sainte dans une position improbable : sur la pointe des pieds, genoux pliés, mains et poitrines offertes, yeux clos, elle penche la tête à gauche et s'absente au monde, tout entière à son extase. C'est si vrai, si senti, que pour un peu on se sentirait gênée d'assister à une scène tellement intime.

    Oui, Ingres et Ernest Pignon-Ernest sont des dessinateurs de génie et aucun des deux n'est perdant dans cette confrontation. cette exposition montre l'expression de deux personnalités bien différentes.

    Exposition Ernest Pignon-Ernest - Situation ingresque

    Musée Ingres - 19, rue de l'Hôtel de Ville - 82000-Montauban. Tél : 05 63 22 12 91. Ouvert tous les jours de 10 à 12 h et de 14 h à 18 h. Jusqu'au 14 octobre.