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  • Antony Gormley ( par Sylvie).

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    Une matière schématique et austère qui raconte l'histoire du vivant: quelle gageure !

    Ce n'est pas un hasard si l'exposition du britannique né en 1950 Antony Gormley se tient à Paris dans le somptueux ancien hôtel Biron du XVIIIeme siècle et son jardin à la française, devenu en 1911 l'atelier et la résidence du sculpteur (1840-1917) Auguste Rodin, aujourd'hui Musée Rodin. Ce judicieux rapprochement qui révèle leur commune préoccupation et leur passion pour le corps humain, permet  de voir ou revoir les pièces maitresses du maitre de céans - le Penseur, les Bourgeois de Calais, les Portes de l'Enfer..., celles de ses hôtes d'alors, Antoine Bourdelle, Aristide Maillol, Camille Claudel... et de saluer la puissante modernité de l'invité.

    20231022_16324320231119_125322~3.jpgDès la cour d'entrée débute l'installation principale, Critical Mass (1995) terme de référence en physique nucléaire du moment ou la matière devient instable. Gormley a dispersé des moulages noirs de corps humains en différentes positions, assis, couchés, debout ou suspendus, sculptures d'individus dans leur matérialité, semble t'il . Leur perception diffère selon leur position, leur contexte et le lieu où ils se trouvent dans le jardin (2) A l'intérieur, on les retrouve amoncelés en une pyramide burlesque ou inquiétante, comme le fit Rodin dans les portes de l'Enfer. Etrange sujet pour une sculpture. (1). 

    20231109_154237 (2).jpg20231109_154411.jpg L'exposition se déploie  ensuite dans toutes les pièces du musée en des matériaux bien de notre temps, à l'exemple de Rodin qui, à son époque, associa techniques et matériaux anciens et modernes. En tournant autour de cette construction  (3) on découvre ce qui pourrait être une autruche ou, sous un autre angle, une 20231118_100813.jpgforme 20231109_160912.jpghumaine, un corps recroquevillé avec ce que cela peut évoquer d' élan ou d'affaissement. Tout est là, les courbes du corps, sa gestuelle et sa dense volumétrie schématisées en petites pièces géométriques d'acier ( 4), formant un espace en soi. Plus loin,  une silhouette rigide fait écho à l'opulente déesse (5) et la silhouette en fils d'aluminium n'a pas de chair. Elle est  presque évanescente. Si nous existons dans l'espace, nous le contenons également.

    A interroger le corps, Gormley questionne aussi les structures spatiales qui l'entourent. Elles en modifient la perception : la place du regardeur, l'ombre ou la lumière caressante, l'espace ouvert ou restreint...contribuent à faire naitre les émotions, à transmettre quelque chose de notre condition humaine, sa vérité. Giacometti, lui aussi, cherchait à traduire cette réalité. Ainsi de la figure filiforme et fragile de "l'homme qui chavire"(1950) dans le grand vide environnant. Quel isolement !

    20231109_155235.jpg20231109_155941.jpg20231109_161005.jpgAvec une grande liberté de représentation Gormley donne à certains corps des profils de bâtiments propres à rendre leur puissance (5). La géométrie du bloc  de plâtre  égale  la masse  du corps sculpté et son âme. Rien de choquant pour notre oeil du XXIème siècle. C'est une métaphore de l'évolution humaine.  "Small skein" (1923) en fonte de fer nous le rappelle aussi, pauvre chassis que nous sommes (6). Et  voir se côtoyer ce qui pourrait bien être un portrait de Balzac bouffi et son double en polystyrène renvoi à notre pouvoir d'imagination...(7) .

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    20231109_165106 (1).jpgCompléments fort instructifs, des carnets d'études et de projets figurent dans des vitrines: ils renseignent sur les recherches très personnelles de l'artiste et la façon dont s'élaborent les œuvres depuis les dessins jusqu'aux maquettes. (photo 8, 9). Passionnant !

    Antony Gormley, Critical Mass, Musée Rodin, 77 rue de Varenne 75007 Paris, jusqu'au 3 / 03/2024.