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Sheila HICKS (par Sylvie)

Il fallait braver la foule du dernier jour des vacances scolaires pour aller à Beaubourg voir l'exposition Sheila Hicks, dont je connaissais déjà le travail pour l'avoir vu et apprécié maintes fois, la dernière, cet été, à Chaumont sur Loire.

"Lignes de vie" est une sorte de rétrospective puisqu'elle va des années 50 à 2018 et montre la variété d'approche du textile conçu comme un matériau de sculpture. Un matériau de sculpture souple auquel Sheila Hicks, née en 1934 aux Etats Unis et installée à Paris depuis 1964, s'est "convertie" après des études de peinture, sculpture, photo, dessin...un choix qui se joue des catégories - entre art, design, décoration - des formats, minuscules comme des échantillons ou démesurés comme des architectures, des procédés - tissages, enroulements, suspensions, superpositions, alignement - des matériaux - lin, laine, soie, fil de nylon - et couleurs,  et quelles couleurs !

IMG_5932.jpg20180305_122229.jpgL'exposition s'ouvre sur une gigantesque  réalisation multicolore, à dominante bleue, "Cordes sauvages" 2014/2015, suspendue à l'avant du mur.  Les tentacules presque animales de cette méduse de laine en disent déjà beaucoup sur l'art de Sheila Hicks, son savoir-faire, son imagination et son humour. Rien à voir avec ce qui était appelé autrefois, non sans  misogynie, un ouvrage de dames....(photos1 et2)

Un pas de plus et on change de dimensions: cela ressemble fort à la palette d'un peintre ou aux multiples échantillons d'une styliste.  Il faut s'approcher pour examiner de très près ces petits 20180305_122309Muneca 1957.jpgtravaux de tissage, véritables oeuvres d'art à part entière qui sont autant 20180305_122343- En ménage avec Mongole 2015.jpgd'essais de couleurs ( on pense aux aquarelles de Klee ) ou de techniques de tissages, comme l'artiste a pu les voir lors de ses séjours en Inde, en Amérique latine, en Afrique du nord. Comment ne pas être sous le charme de ces "Minimes" où sont insérés parfois des coquillages, des bouts de bois, des plumes (photos 3 et 4).

Dans leur dimension architecturale commune, les colonnes souples  dont certaines vont du sol au plafond, évoquent par leurs couleurs, leurs ondulations lisses ou 20180305_123505.jpg20180305_124321.jpg20180305_123050-Aterrissage.jpg20180305_124040.jpg20180303_152343-1.jpgnoueuses, une végétation tropicale sauvage(5), ou les très subtiles contrastes chromatiques des fuseaux ligaturés des tisserands (6), ou encore... les gaz d'échappement d'un avion, fussent ils en laine (7). Quant aux cordes de fibre synthétique aux couleurs chaudes et chatoyantes, assemblées bien serrées verticalement, elles forment une peinture monumentale, un all-over aléatoire, abstrait, où volume, couleurs, matière ne font qu'un, un univers vibrant où plonger le regard (8). Elle me rappelle une oeuvre  en non-tissé aux modulations semblables de Béatrice Casadesus vue  récemment à Rambouillet dans le cadre de son exposition "Particules de lumières" (9).

20180305_124129-Remparts 2016.jpgIMG_5957 copie.jpg20180305_122736.jpgSheila Hicks n'est pas conventionnelle, on l'aura compris. Elle a horreur des formes définitives de la sculpture. Elle préfère les empilements, les amoncellements. Voyez ces strates d'écheveaux de laine aux tons bruns sourds (12), ou l'installation de multiples boules de tissus rouges de différentes tailles, des "Remparts" (10). Et sous vitrine, tels de précieux vestiges, "Palitos con Bolas", 2011 (11), évoque par ses galets ronds et ses "bâtons de paroles", la magie ancestrale.  Nous rappelant que l'artiste fut aussi peintre, elle a posé au sol, debout, des chassis de différentes tailles "colorés" en fils de laine , sciemment empilés- décalés pour faire oeuvre unique.

Dépassant le modèle traditionnel de la tapisserie, c'est tout un univers poétique entre art, design et décoration, qui transforme notre perception des textiles, en exalte la matière, la couleur, la sensualité. Une vidéo projetée dans une enclave, hélas trop petite, de l'exposition permet de voir l'artiste à son travail.

Sheila Hick "Lignes de vie", Centre Pompidou, jusqu'au 30 avril 2018.

 

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