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Locus Solus (par Sylvie)

Coup de chapeau à l'exposition de groupe organisée par le galeriste Yvon Lambert sous le titre un peu mystérieux de "Locus Solus": lieu solitaire, en référence au roman de Raymond Roussel.

Il s'agit d'une bonne vingtaine d'oeuvres récentes de différents artistes, pas tous connus du grand public mais très inventifs. Une exposition réjouissante par la diversité des démarches, des techniques et des effets qui met en lumière l'originalité de chacun.                                 Sans voulo306.JPGir être exhaustive, voilà celles qui m'ont le plus emballée.

Peu de peinture mais de la photo pour des paysages très épurés où le gris domine.

Le cliché de Olafsur (ou Olafur) Eliasson, un artiste danois né en 1967, est d'un gris bleuté, comme vu derrière un filtre. (Sans titre, 1996, 22,5x33,5cm, impression couleur). Par delà un vaste plan d'eau vaporeux, tranquille et miroitant, avec baigneurs en premier plan, on aperçoit la côte et une sombre usine dont les cheminées crachent une épaisse fumée blanche. Le temps y est suspendu, certes, mais un trouble nous saisit: le lac parfaitement lisse et les bâtiments sombres et massifs semblent plombés A son regard nostalgique le photographe ajoute un réquisitoire contre l'homme et l'exploitation destructrice qu'il fait de la nature.(1)

304.JPGGris ouaté, presque blanc, tel est le large espace que nous soumet Tacita Dean, britannique née en 1965. Dans la campagne enneigée, déserte, pleine de mélancolie atmosphérique, se détache, très noire, comme une apparition soudaine, la silhouette d'un homme, probablement ivre, perdu dans l'immensité ( Man with jenevar bottle, 2001, 47,5x 60cm ). En accentuant le contraste, le tirage couleur développe l'impression de solitude.

Ce sont, il me semble, les vibrations de l'air qui se se font sentir ches la finlandaise, née en 1973, Salla Tykka (White, 2009, 110x135cm). L'image parait très construite ( mais la nature sait le faire): les horizontales du lac, des reflets et de la barque vide défient les verticales des arbres. Le tirage à jets d'encre montre un paysage en négatif, rendu brumeux par tramage. On ne sait plus si c'est le jour ou la nuit, comme dans un rêve éveillé. Silense et mystère règnent. (2)

Je signale305.JPGrai un tableau tout de même, un tableau coup de poing de Christian Vetter né en 1970,(Framework, Gestel, 2009, 180x200cm). Sur le fond noir de cette huile sur toile, un graphisme blanc et gris fait d'horizontales et de verticales discontinues converge vers le centre, un centre un peu brouillé dans lequel pourraient figurer des silhouettes humaines. De l'interaction architecturée des lignes nait une profondeur. Elle entraine le regard dans une sorte de corridor à la fois balisé et flottant. Tout ce noir sème l'inquiétude, l'angoisse d'être coincé, "coincé dans un présent" selon l'artiste. (3)

Avec le viennois, né en 1973, Markus Schinwald et son Adornorama(14) de 2009, on s'amuse. Dans une boite (bois, verre, miroir et écran vidéo) se profile, toute blanche, la silhouette d'un petit personnage faisant des contorsions incroyables. C'est magique, très vif, très drôle. Ce n'en n'est pas moins un questionnement sur la 308.JPGmétamorphose du corps. Et le processus participe de la pensée du philosophe Théodore Adorno selon laquelle les sciences de l'information et de la communication entrent dans le champ des industries culturelles.(4)

A l'appui de la même idée, l'installation de Zilvinas Kempinas, lituanienne née en 1969, est cocasse. Focus 2009photos Y. Lambert 014.jpg se compose au sol d'une bande magnétique en cercle mise en mouvement par le souffle d'un ventilateur. la bande bouge mollement comme un serpent. On sursaute presque...(5)

Bien d'autres artistes se côtoient dans cette promenade hétéroclite qui induit une réflexion constante. A vous de choisir.

 

Locus Solus, galerie Yvon Lambert, 108 rue Vieille du Temple 75003, Paris. jusqu'au 23 décembre 2009.

 

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