Gasiorowski (par Sylvie)
La route des vacances réserve de bonnes surprises. Descendant vers le sud, j'ai fait un arrêt au Carré d'Art, à Nimes. Gérard Gasiorowski occupe la place. L'exposition est passionnante, ne la ratez pas. Elle met en lumière la variété et la richesse du travail de cet artiste né en 1930 et mort en 1986, son rapport haine-amour avec les maitres du passé, l'histoire de l'Art, et la peinture elle même qu'il n'arrête pas de détruire et de magnifier. Un artiste iconoclaste et tout en contradiction, qui ne s'est pas contenté d'une évolution linéaire. Et quel coloriste!" Recommencer. Commencer de nouveau la peinture" disait-il. Et la formule sert de sous-titre à l'exposition.
Oeuvre complexe, en renouvellement permanent, faite de revirements, travestissements, dédoublements, recouvrements; oeuvre troublante par son hétérogénéité qui fait se côtoyer ici des peintures d'une figuration hyperréaliste, des barbouilles qu'il appelle "croûtes" ou "régressions"; des séries de motifs comme autant d'exercices techniques, des toiles abstraites et des installations. Son questionnement sur la guerre, la ruralité, l'art rupestre ou Cézanne, Rembrandt, le paysage ou la photo est à prendre comme un questionnement sur la peinture et la quête d'une nouvelle expression picturale. Et chaque oeuvre a une double signification. Epuiser la peinture, la détruirepour la magnifier.
Comme une planche d'herbier, des fleurs à la fois très stylisées et très barbouillées. Elles sont à la fois des gammes et des souvenirs. Les fleurs, série "Les régressions", 1973,37x37cm chaque. (photo 1) Cette drole de forme abstraite est pourtant une partie de taureau en référence à l'art rupestre. Seule la patte arrière est figurée, le taureau est amputé. Il s'agit en quelque sorte d'un reste de préhistoire...avec quand même un sexe. "La vie bat encore" commente l'artiste. Lascaux- Grand Taureau dans le diverticule axial, 1984, 195x195cm,série "Cérémonie.(2) Pour se moquer d'un attribut bourgeois comme le chapeau et de toutes les formes d'académisme Gasiorowski a inventé l'Académie Worosis-Kiga où tous les élèves ont dû faire des chapeaux. Le professeur est un despote et symbolise les carcans de notre époque. Préparation des Classes à Worosis-Kiga, 1975-1976 (3). Imbrication de lignes rouges, abstraction pure inspirée de l'art tantrique certes mais surtout tentative de forme sur un grand format et manifeste de simplicité picturale. Aro Gu Rerec, série "Les symptômes", 1983, 250x200cm.(4)
Gérard Gasiorowski, Carré d'Art-Nîmes, place de la Maison Carrée, 30000 Nîmes. 0466763570. De 10h à 18h, du mardi au dimanche inclus. Prolongée jusqu'au 10 octobre.