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  • Gilles Barbier (par Sylvie)

    Gilles Barbier : « There is no moon without a Rocket »

    Il y a dans le travail de Gilles Barbier présenté chez  Georges-Philippe et Nathalie Vallois quelque chose de réjouissant comme peuvent l’être des bricolages fantaisistes et faussement maladroits touchant à la science-fiction. Et puis une autre veine plus proprement picturale donnant à  voir un monde en mouvement, proliférant, viscéral … la marmite de la création, une part délirante qui peut mettre un peu mal à l’aise. Le lien ne m'est pa apparu du premier coup sauf, peut-être, par un  attachement certain à ce qui fait notre monde, la matière, en perpétuel renouvellement, et un regard distancié qui introduit la démesure, le lilliputien ou le surdimensionné. Ne cherchez pas le réel comme vous avez l’habitude de le voir !

    Chaque œuvre est une histoire en soi, une cosmogonie totalement inventée mais cohérente et logique, issue d’une «  possibilité du monde » qui mélange les genres, les sujets, les medium, l’échelle et que l’artiste semble avoir plaisir à traiter minutieusement avec des outils particuliers, emporté dans un élan créateur, une imagination débordante et une bonne dose d’humour : la vision d’un monde primordial malléable à l’image de la plasticité du cerveau.

    J’ai choisi quatre oeuvres (Toutes photos courtesy galerie GP et N. Vallois)

    « Le monde comme une maison sur un arbre », 2010 (Bois, peinture à l’huile, rhodoïd, corde, flocage, _MG_3596.jpgbonzaï, env. 250x165x130cm). C’est une grappe de cabanes en bois construites sur un bonzaï, un ensemble de maisonnettes miniatures, comme un rêve d’enfant, une utopie communautaire et écologiste ou une maquette d’architecte à la réalisation précise et incongrue. Il y a de l’essaim dans cet agglomérat de cellules et de délicieuses bizarreries d’agencements et de combinaisons.

    « Le monde en forme de tong », 2010 (technique mixte, 137x85x185cm) ou l’histoire, dans une grosse boite en forme de tong, d’un créateur, le grand requin, qui vit dans les profondeurs de la mer et d’un marcheur qui marche le long du temps. Des combats qu’ils mènent naitront des archipels, le soleil, la lune, un volcan, la tempête et les tremblements de terre. Et les cauchemars des hommes se retrouveront au fond des abysses…Une représentation allégorique de l’univers, le_monde_en_forme_de_tong3.jpgjamais définitivement abouti, et de celle des hommes, en conflit permanent.

    « In the soup… » », (le titre est très long) 2010, (technique mixte, 180x100x95cm)  pointe l’imbrication _MG_3555.jpgdes choses, les émanations, les tissages qui forment toute matière. Une vraie chimie. On ne sait plus si tous ces filaments sont des vers de terre, des intestins, des rubans, de la broderie ou du fromage fondu mais cela suggère la capacité du monde à changer d’état, ses innombrables possibilités, des pires aux meilleures.

    Ceux qui sont allés au Brésil reconnaitront peut-être dans le « Trou du cul du monde », 2010 lemondetrouducul3.jpg(technique mixte, 137x85x185cm ». l’image des favelas de Rio.  Sur les hauteurs de cette installation à l’échelle du jouet, des cabanons multicolores entassés, sur l’autre versant un amoncellement de sacs poubelle, au centre… une ouverture circulaire. Allez savoir si elle vient d'expulser ces excréments ou si elle s’apprête à les engloutir. Vous voulez  mon avis ?: Ce monde là est bien loin de nos préoccupations d’occidentaux (modèle réduit), c’est le dernier refuge d’une population rejetée (sur les bords de la société) et le cratère va effacer, enfouir, transformer ce réel éphémère et fragile.

    Décidément dans l’œuvre de Barbier il est toujours question d’instabilité. Exit le rassurant mythe créateur et vive le ludique et le poétique.

    Gilles Barbier, « there is no moon without a Rocket », galerie GP. et N. Vallois, 36 rue de seine 75006 Paris. tel: 0146346107, jusqu’au 31 juillet 2010.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Balade à Chelsea (par Régine)

     

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    Je n'avais pas remis les pieds à New York depuis 25 ans ! Comment allais je retrouver cette ville qui m'avait tant fascinée ? A peine descendue de l'avion je me précipitais dans Midtown : Time square, Madison avenue, Fifth avenue, etc...Bien peu de choses avait changé. Je retrouvais "the Big apple" telle que je l'avais connue, peut-être un peu vieillie, moins trépidante, moins fantaisiste (finis les acrobates du roller et du cyclisme se faufilant dans la foule). Je l'avais quittée dans la fleur de l'âge et la retrouvais vieille dame assagie.

    Ma surprise a été dans la transformation de certains quartiers : Harlem devenu presque provincial, Brooklyn très branché, mais c'est celle de Chelsea qui est la plus troublante. Les galeries ayant déserté Soho, où elles ont été remplacées par des boutique de design ou de mode, ont envahi en masse le quartier ouest de Chelsea. Il y en a des dizaines et des dizaines, installées à plusieurs au rez-de-chaussée et dans les étage d'anciens entrepôts. Leur taille varie de quelques m2 à d'immenses surfaces au luxe souvent impressionnant. S'y balader n'a rien à voir avec le circuit de nos galeries parisiennes du Marais, encore moins celui tout récent de Belleville.

    Les oeuvres exposées sont de qualité très variable, quelques unes, d'artistes inconnus de moi, ont cependant retenu mon attention telles les sculptures du cubain Alexandre Arrechea. Ce sont des maquettes de grattes ciel dont la base, rendue malléable, s'enroule sur elle-même, permettant d'en faire varier la hauteur. Sont ainsi mis à mal, avec humour, leur taille, leur rigidité et par là même leur concept (photo n°1)004.JPG. Des cubes dans tous leurs états : emboîtés, transparents, ouvert sur un ou plusieurs côtés sont magnifiquement peints en noir et blanc par un certain Ion Zupcu.

    Mais le clou reste la prestigieuse galerie Gagosian (photo 2). Possédant plus de 10 antennes de par le monde, dont déjà 3 à New York, elle vient d'en ouvrir une nouvelle à Chelsea - toutes les grandes enseignes se doivent désormais d'avoir une succursale dans ce quartier car c'est là que "ça se passe" (Yvon Lambert vient d'y ouvrir la sienne) -. L'espace est grandiose (photo 2)011.JPG et a laissé pantoise la parisienne que je suis, habituée à de belles galeries, certes, mais pas de cette taille, ni de ce luxe. Une grande exposition de natures mortes de Roy Lichtenstein (1923-1997) s'y tenait et la beauté, la fraîcheur de cette oeuvre renforçaient encore celle des lieux. L'atmosphère de ces "still life", peintes entre 1972 et 1980 est bien différente de celle que dégage généralement ce genre. Utilisant les 3 primaires, les points ou les hachures de Ben-day, soulignant d'un traits noirs le contour simplifié des objets représentés, forçant l'aspect mécanique des reproductions qu'il utilise, Lichtenstein, qui a parfaitement digéré ses prédécesseurs (Cézanne, Matisse, Léger, Gris,...), fait des peintures extrêmement plates, vigoureuses et joyeuses. Voici quelques photos d'oeuvres qui m'ont enthousiasmée (photos 3 et 4)010.JPG
    008.JPG, notamment la sculpture toute simple de ce verre (photo 5)006.JPG.

    Dans d'autres vastes lieux j'ai pu voir un accrochage de feutres de Robert Morris (1931)(photo 6)014.JPG, des panneaux de verre gravé de Kiki Smith (1954), mais dans la plupart des cas les artistes m'étaient totalement inconnus et leurs travaux assez médiocres.

    Le mystère demeure de savoir comment le marché peut absorber toutes ces oeuvres d'autant plus que ces galeries sont désertes et qu'à Brooklyn, m'a-t-on dit, les docs au bord de l'East River se transforment eux aussi en galeries.

    Cette prolifération m'a laissée perplexe sur l'art considéré comme une marchandise à la mode avec laquelle beaucoup pensent faire fortune.