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Claire Morgan (par Sylvie)

05022010_001.jpgFaut-il les appeler sculptures? leur volumétrie s'y prête mais il y a tant de transparence, de légèreté et d'air qui circule entre les composants qu'on serait tenté de qualifier les oeuvres de Claire Morgan, présentées à la galerie Karsten Greve, d'univers. Des univers flottants et fragiles comme des bulles de savon coloré de grande dimension où "la perfection et le désastre fusionnent" selon l' expression de l'artiste, une jeune irlandaise née à Belfast en 1980.

Pourquoi la perfection? parce que de près, les formes réalisées sont linéaires - parallélépipèdes, cubes, sphères; elles ont cette qualité de précision propre à la 05022010_003.jpggéométrie. Suspendues et maintenues régulièrement espacées par des fils de nylon à peine visibles, que la lumière transforme en pluie arachnéenne, leur présence a quelque chose de magique. Dans ce subtil entrelacs, les délicates pièces, plus ou moins translucides et dentelées, qui font l'étoffe des oeuvres, sont insérées ponctuellement comme des pierres précieuses aux tons parfois éblouissants: fraicheur du bleu de "The blues II" (photo 3), blancheur immaculée de "Part of the seam" (photo 1).

Alors pourquoi le désastre? Parce que de près le spectacle révèle sa véritable 05022010_004.jpgnature, faite d' insectes ou de multiples petits morceaux du plastique le plus ordinaire - le polyéthylène des sacs poubelles ("Clearing",photo 2) - déchiquetés et assemblés. Et dans ces sortes de cages en déchets il y a toujours un animal mort ou piégé, un oiseau, un renard, des papillons... Aussi beau soit-il, le poids de ce cadavre semble d'autant plus lourd que le piège est gracile et aérien.

Dépouillées et mysterieuses ces installations ambivalentes nous émerveillent et nous questionnent. La beauté et l'émotion m'ont gagnée devant cette combinaison silencieuse d'organique et d'inorganique qui pointe la fragilité et la brutalité du monde, le drame de l'humaine condition et l'impact de notre mode de vie sur la planète: une réflexion de moraliste et d'écologiste qui frappe par l'art rigoureux, complexe et habile, de lier la beauté du monde du vivant aux éléments les plus représentatifs de la pollution humaine.

"Life blood" de Claire Morgan, galerie Karsten Greve, 5 rue Debelleyme, 75003 Paris. 01 42 77 19 37. Jusqu'au 25 février 2010.

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