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L'art numérique de Claire Malrieux (par Sylvie).

Après son exposition à la Biennale de Venise, le travail de Claire Malrieux est accueilli au Collège des Bernardins à Paris dans le cadre de sa chaire "L'humain au défi du numérique".

Sous les ogives médiévales de l'ancienne sacristie se dresse un gigantesque écran blanc sur lequel s'inscrivent des signes légers et multicolores en mouvement. On tourne la tête à la recherche d'un facétieux projectionniste bien caché. Mais non, personne. On reste là, dans la pénombre, comme hypnotisés par la beauté des tracés plus ou moins fins, linéaires ou en aplats, qui apparaissent et disparaissent, la variété de leurs formes - ondulatoires, sismographiques ou brouillonnes - et leurs couleurs primaires. Quel spectacle éblouissant et mystérieux !  N'oubliez pas de cliquer sur l'image ci-dessous pour l'agrandir !                                               

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A suivre de part en part le cheminement des inscriptions, on a l'impression de tenir soi-même la plume. Ces motifs, qu'ils soient à caractère scientifique, des gribouillis ou des taches, toutes formes abstraites, s'enchainent ou se chevauchent en un flux continu et hétéroclite. Ils rappellent le jeu des cadavres exquis cher aux Surréalistes. S'ils étaient eux guidés par leur inconscient, qui, ici, mène la ronde ?

L'espace de "Climat général" est un environnement numérique en perpétuelle mutation. Il repose sur une représentation graphique en temps réel,  une transmission sur ordinateur, par un technicien probablement, selon le vocabulaire très personnel de l'artiste, de données météorologiques précises comme l'ensoleillement ou les précipitations, ainsi que les activités humaines, toutes données habituellement invisibles.                                       

S'il est clair aujourd'hui que l'accentuation des phénomènes climatiques, auxquels participe l'activité humaine, est un problème majeur, l'intérêt de la démarche de Claire Malrieux est qu'elle met à notre portée une vision simultanée des différents responsables.

Il y a du flottement dans cette fragile imagerie devenue un écosystème où les plages tranquilles succèdent ou se mêlent à d'inquiétants hiéroglyphes, reflets des perturbations subies par notre univers.  Causes et effets ainsi montrés devraient induire chez l'homme, habitué à penser que tout va continuer comme avant, une remise en question de notre mode de vie.                                                                                                                        

La bande-son qui accompagne l'oeuvre, mélodieuse ou grondante, se fait ainsi l'écho de l'impact environnemental de l'humanité. Par delà la beauté saisissante du "voyage", léger dans sa forme et grave dans sa signification, cette nouvelle syntaxe du dessin élaborée par des technologies et des algorithmes va-t'elle nous faire prendre conscience des hypothétiques catastrophes avant qu''il ne soit trop tard ? Aussi justifiée qu'elle soit, la question, en empruntant le chemin d'une modernité même esthétiquement réussie, ne nous en facilite pas l'accès. Allez comprendre ce langage!

"Climat général " de Claire Malrieux au Collège des Bernardins, 20 rue de Poissy 75006 Paris. Tel: 0153107444. Jusqu'au 10 décembre.

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