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Philippe Hélénon (par Régine)

Dans la très animée rue Vieille du Temple, au numéro 23, une agréable galerie du même nom expose un artiste discret, très attachant et pourtant trop peu connu.

La mode, Philippe Hélénon n'en a que faire. Ici vous ne verrez ni photos, ni installations, ni vidéos, mais de la vraie peinture.

Pour s'exprimer l'artiste préfère le papier à la toile (une seule est ici présentée), le petit format au grand, comme s'il voulait resserrer au maximum son propos. Le regard qu'il porte sur le monde n'est pas tranquille mais intense. Avec le médium qu'il élabore lui-même, fait de gouache, de pastel écrasé, d'encres dilués, il obtient des noirs profonds percés d'éclats de lumière qui semblent sourdre des profondeurs de l'être et de la terre. Pour peindre il part de la réalité, mais non sans la déformer,  en accentuer certains aspects, en isoler d'autres et en donner parfois une représentation totalement abstraite. Le papier qu'il utilise est souvent marqué d'un pli en son centre, comme si la page peinte avait été extraite d'un livre ; c'est une lecture du monde qu'il nous propose. Ses sujets sont variés : portraits, objets, paysages et exercent sur le regardeur une étrange puissance.

1667238061.jpgDes visages déformés, inquiétants, tourmentés surgissent d'accidents de la matière pour exprimer une intranquillité fondamentale et la difficulté d'exister. Agrégats de tâches claires et sombres ils occupent toute la page ou émergent d'un fond opaque et ne vous lâchent pas.

Même masacrée/La face humaine/Est encore un visage/Humain/Sa ressemblance/Fait peur

dit Bernard Noël dans "Quel est ce visage", un livre qui vient de paraître aux Editions Fata Morgana et consacré aux portraits de Philippe Hélénon.

616591997.jpgLes objets qui lui donnent à rêver et qu'il peint sans relâche sont forgés de main d'homme (faucille, couteau, clou, lame) ou travaillés par la nature (ardoise, noeud de bois, graines). Sensibles aux correspondances entre les choses, les représentations qu'il en fait donnent lieu à des interprétations diverses : telle hache forgée par son grand-père pourrait être une palme ou un éventail, telle crosse un boomerang, telle lame un épi ou une bouteille effilée ou encore telle ardoise trouée un visage humain.

1855625901.jpgGénéralement partagés en deux parties, la terre et le ciel, ses paysages sont réduits à l'essentiel : Dans celui représenté ici, l'humus noir plonge ses racines dans un milieu humide et lumineux tandis que le blanc du ciel occulte un gris sous-jacent. De petites diagonales viennent rompre son horizontalité  : formes humaines, végétales ou animales, on ne sait, qui nous rappellent que le monde n'est pas univoque.

A la douceur de l'Ile de France Philippe Hélénon préfère, semble-t-il, les chemins de bergers, les pentes rocailleuses et désertes des Pyrénées où il passe souvent ses vacances dans la maison de son grand-père ou les landes arides et les côtés déchiquetées d'Irlance.

Une oeuvre forte et extrêmement personnelle à découvrir.

Galerie Vieille du Temple - 23, rue Vieille du Temple, 75003-Paris (Tél : 01 40 29 97 52) Du mardi au vendredi de 14 h à 19 h. Samedi de 14 h 30 à 19 h 30. Jusqu'au 31 mai

 

                                                                 

 

 

 

Commentaires

  • Vous en parlez trés bien et je permets de rebondir sur vos propos.Que peut-on attendre d'un artiste aujourd'hui ? j'attends autre chose ...Le problème pour qui fréquente un peu les galeries est que ces images donneront certainement vite l'impression d'avoir vu peintures semblables déja des dizaines fois....un sentiment de lourdeur un peu autiste que le spectateur que je suis n'a plus envie ni de suivre ni de décoder.
    Autre chose :pourquoi ce que vous appelez "l'essentiel" serait-il quelque chose de sinistre, renvoyant à un drame quelconque ou fondateur (de quoi d'ailleurs ?) ? Pour moi certains qui s'acharnent à employer l'image feraient mieux de passer à l'écriture pour tenter d'inventer leur propre langage et de dire réellement quelque chose de compréhensible...Aprés une fréquentation de plusieurs années de la peinture, ce type d' "oeuvre" me semble "presque" une forme de captation gratuite de la sensibilité du spectateur détournée vers un vague sentiment de malaise ou d'impasse qui devient un luxe aujourd'hui alors même que notre existence collective est RÉELLEMENT menacée à divers titres par notre cécité et notre incapacité collective à honorer notre propre créativité en tant qu'espèce pour mettre en oeuvre un changement et un renouveau de notre philosophie et de nos pratiques ,pour redonner du sens à la Vie...

  • Il me semble tragique que ce qu'on nous présente encore comme "l'art" soit apparenté dans les esprits à une forme de sur-place souvent incompréhensible et inutile (la contemplation morose ou morbide de la douleur..qu'on retrouve dans la fascination populaire pour les faits divers..) alors que le developpement de la sensibilité dans toute sa richesse participerait grandement au bien-être individuel et collectif...

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