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  • Miquel Barcelo, la matière des profondeurs marines.

    132846ee0c6e12c0a791471de4b3b94c.jpgIl est encore temps, mais faites vite: Miquel Barcelo, peintre espagnol né à Majorque en 1957, nourri d'art brut, expose pour quelques jours encore à la galerie Yvon Lambert, à Paris.

    Des sculptures mais surtout des toiles, de grand format, ayant pour thématique les fonds marins - normal pour un insulaire -, l'eau et ce qui s'y dépose, y repose; un espace dense et charnel de substances et d'objets hétéroclites et nonchalants, entre endormissement. métamorphose, abandon ou disparition.

    Ici des crânes et des allumettes; là dans l"Encéphalogramme de la mer" ( 200x300 cm, 2005 ) méduses et algues envahissent la toile d'un blanc opaque.à peine teinté d'un bleu sous-jaçant. Sa saisissante texture, épaisse, fibreuse, tourmentée, née d'un maillage contrecollé mêlé à la peinture, s'éffiloche, se rétracte. Elle rappelle l'oeuvre d'un autre "grand" d'Espagne Antoni Tapiès. Y apparaissent, dans une sorte de trouble, les multiples plis et replis de ces figurants et les orifices noirs et ovoïdes de coquillages béants. D'un travail au trait, horizontal ou vertical, parfois même en zig-zag, surgit la mouvance des flux aquatiques et sableux... comme un encéphalogramme frémissant.

    Miquel Barcelo, galerie Yvon Lambert, 108 rue Vieille du Temple, 75003. Paris.  Jusqu'au 26 mai.  Attention, la galerie ferme de 13h à 14h30.

  • Arschile Gorky

    medium_Gorky.jpg"Journal d'un séducteur" de Arschile Gorky, 1945

    Dans le cadre de l'année sur l'Arménie se tient, jusqu'au 2 juin, au Centre Pompidou, une petite exposition Arschile Gorky. Y sont accrochés des dessins et quelques tableaux magnifiques. L'un d'eux, "Journal d'un séducteur" a particulièrement retenu mon attention. Différent des autres oeuvres présentées, lesquelles, rythmées, colorées, sont en résonance directe avec "L'arc noir" de Kandinsky accroché en face, dans le couloir central du Musée, son titre m'a paru en contradiction totale avec l'oeuvre elle-même.

    "Journal d'un séducteur" est une grande toile (126,7 x 157,5 cm). Une forte impression de désolation en émane. Elle nous met face à un monde calciné, couleur de cendre et un fort sentiment de perte nous saisit. Non le sexe n'est pas gai !

    Sur un fond terreux où le jaune affleure sous le noir et le gris évoluent des formes au contour mal circonscrit. L'action conjointe de la ligne qui permet au regard de circuler et de la couleur qui la déborde empêche toute fermeture des formes sur elles-mêmes ; celles-ci sont le résultat d'un automatisme mental proche des surréalistes.

    Au centre, seul reconnaissable, un visage, mi humain, mi animal, semble contempler l'ampleur eu désastre. Des volutes sortent de son crâne et l'un de ses yeux liquéfié se répand jusqu'à ses lèvres. A sa gauche et sous lui quelques signes très proches de ceux de Miro évoquent des sexes féminins éparpillés. Ce tableau est empreint de toutes les perturbations qui ont affecté l'esprit de l'artiste au cours de sa vie. Il ne les supportera pas et se donnera la mort en 1948.

    Gorky résonne ici, mais à sa façon, aux artistes qu'il a regardé avec fascination : Kandinsky pour l'utilisation de la couleur comme vecteur du monde intérieur et bien sûr Miro. Comme lui il inscrit directement, sans aucun intermédiaire, son monde intérieur sur la toile, comme lui il réduit les objets à des signes métaphoriques renforcés par les vibrations du jaune et d'un peu de rouge.

    Le séducteur n'est paré d'aucune séduction. La mort rode dans son journal. C'est Don Juan avec son impuissance à aimer. Sexe et mort son ici indissolublement liés.

    Arschile Gorky au Centre Pompidou. MNAM, 4ème étage, jusqu'au 2 juin. Cette exposition est à compléter par celle qui se tient jusqu'au 4 juin au Centre Gulbenkian, 51 avenue d'Iéna, 75116.